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à écouter maintenant ! Podcasts et replays : la vie d’après du Salon du végétal

A l'instar de ce qui se fait dans de nombreuses villes, moins tondre et moins tailler permet au jardinier amateur de consacrer moins de temps à son jardin. L'un des podcasts enregistrés au Salon du végétal désormais disponibles sur le site internet du salon portait sur cette thématique.

Le rendez-vous professionnel angevin a fermé ses portes le 12 septembre dernier. Mais il est encore bien présent dans l’actualité grâce à son site internet et aux réseaux sociaux. C’est le cas, par exemple, des podcasts enregistrés sur place, à écouter maintenant !

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Il y a maintenant six semaines que le Salon du végétal, à Angers du 10 au 12 septembre, a fermé ses portes. Le programme, en particulier celui des conférences, y était tellement dense que chacun a forcément manqué un sujet qui pouvait l’intéresser. Par chance, la plupart ont été enregistrés et restent disponibles sur le site internet du salon. Mais un rendez-vous plus innovant a été introduit cette année par les organisateurs : des podcasts, soit des enregistrements audio, sur des sujets orientés marché – destinés à initier un public plus large que le seul monde professionnel –, ont été réalisés en présence des professionnels présents et sont aujourd’hui à écouter en différé.

Le Lien horticole, via une entreprise de son groupe de presse, La Factory, a participé à deux de ces podcasts. L’un d’eux portait sur le « Jardin facile, mythe ou réalité ? ». L’idée était de creuser ce qui se cache derrière le désir de jardin et de végétal des consommateurs, aussi prompts à mettre les plantes sur un piédestal qu’à les supprimer dès que ses branches deviennent trop envahissantes, que ses feuilles maculent une belle terrasse ou que son ombre devient trop pesante… Une relation « je t’aime moi non plus » qui n’est guère nouvelle, mais qui interroge toujours autant les professionnels de terrain. Il n’est pas rare de rencontrer un responsable de patrimoine arboré en ville un peu désemparé face à des demandes pas toujours conciliables, comme de planter toujours plus d’arbres mais également de les élaguer au plus vite, pour des raisons aussi diverses que parfois peu fondées : des risques pour le bâti en raison des racines, la présence d’insectes qui fait peur, etc.

Un beau jardin de paresseux ?

C’est le journaliste Xavier Gerbeaud qui a animé ce rendez-vous disponible sur le site internet du salon auquel ont participé trois professionnels : Marie Moncel, qui a repris l’entreprise Verdia en 2021, Daniel Véronèse, chef de marché jardin et végétal chez Carré vert, dans le groupe Gamm vert, et enfin Paul Arène, entrepreneur du paysage tout récemment retraité.

Le fantasme du jardin sans entretien n’est guère nouveau, comme l’a rappelé Xavier Gerbeaud, évoquant des livres qui ont marqué la filière, comme Le Beau Jardin du paresseux, de Patricia Beucher, édité en 2000 chez Ulmer. Taper simultanément jardin et fainéant sur Internet conduit également à toutes sortes de références…

Mais Paul Arène recadre d’emblée le propos : « Le jardin est un espace clos, vivant, d’où se dégage une énergie. Quand il y a de la vie, une relation se crée, et il est parfois nécessaire d’intervenir. » Il estime que certains y sont assez indifférents, mais selon lui le cas le plus fréquent est une attirance. Les gens qui possèdent un jardin ont vite envie d’y faire pousser les plantes qu’ils aiment. Le temps passé ensuite par chacun dépend du résultat souhaité.

Pour Daniel Véronèse, le constat est clair : le consommateur, aujourd’hui, attend un produit prêt à poser et qui demandera peu de suivi. « Il veut acheter quelque chose qu’il a trouvé joli en magasin, l’installer et ne pas trop avoir d’entretien », précise-t-il.

Le recul des connaissances des besoins du végétal, le fait que les points de vente soient de moins en moins fréquentés par des gens de la terre, mais davantage par des néoruraux, fait que, actuellement, rares sont les personnes capables d’acheter un sujet jeune pour en faire une plante de grand développement. D’où le succès des grosses potées. Mais Paul Arène souligne qu’il ne faut pas négliger le fait que, certes, il y a de moins en moins de connaisseurs mais, pour autant, bon nombre restent intéressées par les plantes et peuvent réaliser des jardins de qualité grâce à leur sensibilité. Oui, il est difficile pour la filière et les professionnels de trouver du personnel qui connaisse le végétal. Toutefois, la méconnaissance du grand public n’implique ni le désintérêt ni le renoncement au fait de jardiner. « Oui au plaisir au jardin, à condition qu’il y ait peu de contraintes », résume Daniel Véronèse.

Un jardin à vivre avec peu de contraintes

Verdia a fait réaliser l’an dernier une enquête auprès des consommateurs de 30-40 ans. Marie Moncel en a révélé les éléments saillants : les jeunes générations fréquentent moins les jardineries, font leur culture sur Internet et attendent de leur espace extérieur qu’il soit une pièce à vivre de plus, sans contrainte. Pas de surprise dans ces résultats. Marie Moncel précise que, dans l’ensemble, les consommateurs veulent des plantes simples, qui seront encore en vie lorsqu’ils rentreront de vacances. Ils sont aussi à la recherche d’idées d’associations de végétaux. « Ils restent intéressés, veulent du beau et de la couleur pour créer une ambiance, et que ça reste simple », conclut-elle.

Se simplifier la vie, du végétal au matériel

Au-delà du choix des végétaux, qui reste essentiel, Paul Véronèse rappelle que cette tendance à se simplifier la vie se porte aussi sur tout ce qui entoure les plantes. Le matériel, avec une montée en puissance des robots de tonte, par exemple. « Les gens veulent bien passer du temps à l’entretien, mais peu. » Impossible ? Le professionnel rappelle que le jardin de Monet, à Giverny (27), était peu entretenu et a pourtant été le support de toiles merveilleuses ! « On n’est pas obligés de tondre tout le temps. On peut laisser pousser et intervenir un minimum », une posture qui répond à une attente dans un monde où les gens sont stressés et sont surtout dans leur jardin pour se détendre et se reposer.

Outre le robot de tonte, se simplifier la vie passe aussi aujourd’hui par le recours à du gravier pour limiter le désherbage, à des paillages à base de produits naturels, écorce ou chanvre, toujours pour plus de simplicité… L’usage des couvre-sol reste sûrement à améliorer !

Reste que les jardiniers, comme le rappelle Marie Moncel, qui développe dans sa gamme une palette de petits fruitiers urbains, se tournent également vers le côté nourricier du jardin. Là aussi, il faut aller vers la simplicité et surtout la résistance aux maladies, pour ne pas avoir besoin de traiter fruits et légumes. La sélection proposée par Verdia est choisie parmi les variétés solides du secteur professionnel, mais aussi parmi celles qui ont un développement limité, pour s’adapter aux petits jardins, et des rendements élevés. Attention en matière d'arbres et d'arbustes : si l’entretien rebute, la taille fait peur, car souvent le savoir-faire n’est plus présent !

La conversation est très orientée vers le consommateur amateur, mais la conclusion est la même que dans le monde professionnel : le meilleur conseil à donner est de bien planter, car un végétal bien installé résistera mieux aux stress. Telle sera la plante du XXIe siècle ! Guider les jardiniers amateurs vers la réussite, c’est donc les inciter à rendre leurs sols fertiles, les pousser vers des contenants adaptés à leurs attentes, des substrats de qualité... Des recommandations qui rejoignent celles que l’on fait souvent au monde professionnel dès lors que l’on s’interroge sur le végétal de demain.

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